Encadrement collégial

L’encadrement doctoral avec 2, 3, 4 et plus… encadrants, et si on en parlait ?

Un article vient de paraitre dans la Revue Internationale de Pédagogie de l'Enseignement Supérieur sur l’encadrement collégial à INRAE Un article qui ouvre l’opportunité du discuter du rôle de chacun dans la thèse !

Encadrement collégial, de quoi parle-t-on ?

reseau

A partir du dispositif EDEN, cet article analyse une base de données de 76 thèses, avec les caractéristiques structurelles et organisationnelles de la thèse et de son encadrement, mais aussi les difficultés exprimées par les doctorants et encadrants. Au-delà des rares binômes entre un doctorant et son directeur de thèse, il dégage quatre formes d’équipes d’encadrement doctoral : parfois classiques (un binôme de deux encadrants, l’un ayant l’HdR, l’autre non), d’autres plus complexes constituant des équipes pluridisciplinaires et/ou pluri-institutions autour du doctorant, voire élargies à des acteurs du monde socio-économique.

Quelles difficultés récurrentes dans les situations d’encadrement collégial ?

  • La construction de la question de recherche, avec un double enjeu d’appropriation pour le doctorant et de lâcher-prise pour les encadrants, parfois au carrefour entre plusieurs disciplines : cette construction pose alors la question du rôle des disciplines mobilisées, et donc des encadrants qui les représentent, avec la difficulté de construire une cohérence au milieu d’enjeux institutionnels multiples. Se distancier de l’enjeu opérationnel et identifier ce qui fait enjeu scientifique dans la thèse peut également être vécu comme une difficulté dans le cas où la thèse porte une ambition transformative;
  • Doctorants et encadrants s’interrogent sur le professionnel qu’ils sont en train de devenir/former, avec parfois la question de l’identité disciplinaire du doctorant et de sa légitimité, ou de distinction vis-à-vis des encadrants, voire de « conflits de propriété » sur la thématique de la thèse. Lorsque l’équipe d’encadrement comporte un acteur du monde socio-économique, l’enjeu, pour le doctorant, est d’arriver à s’affirmer au carrefour entre chercheurs académiques et industriels, avec des attentes différentes et parfois contradictoires ;
  • Les rôles respectifs des encadrants sont la plupart du temps peu explicités, créant malaises et incompréhensions de part et d’autre, notamment lorsque plusieurs chercheurs HdR et institutions collaborent autour du projet de thèse. Si une répartition des rôles entre directeur de thèse HdR et encadrant non HdR peut être explicite, cette dissymétrie, voire hiérarchie, peut être mal vécue par certains jeunes encadrants lorsque le rôle de chacun n’a pas été discuté ou lorsque le doctorant s’adresse à l’un ou l’autre sans être transparent dans ses sollicitations. Enfin, les encadrants expérimentés d’identifient que très peu le rôle qu’ils pourraient jouer en termes de formation de leurs jeunes collègues à la fonction d’encadrement doctoral.

Et après ?

Cette première exploration des configurations de l’encadrement collégial a permis d’identifier :

  • Des enjeux en termes de formation des doctorants et encadrants, par exemple sur la construction de la question de recherche qui ne fait que très peu l’objet de formations spécifiques dans les Ecoles Doctorales : à INRAE, vous avez EDEN profitez-en !
  • Des points de vigilance pour les institutions qui financent et hébergent ces thèses.

Mais l’expérience doctorale reste unique et largement déterminée par les pratiques collaboratives au quotidien entre doctorant(e) et encadrants, mettant la communication et la coordination au cœur de la relation d’encadrement doctoral.